jeudi 16 août 2018

Un brunch littéraire à l'hôtel Providence autour du livre Nana de Zola #5

Aujourd’hui, petit article sur un merveilleux brunch littéraire que j’ai testé avec quelques amis. Nous nous sommes réunis au restaurant de l’hôtel « Providence » pour discuter tranquillement autour du livre d’Émile Zola « Nana ».




Avant de vous détailler plus en détail le délicieux brunch que nous avons dégusté voici un petit résumé du livre au cœur de notre discussion :


Nana (date de parution 1880)



L’héroïne de cette histoire se prénomme Nana.
Nana est une courtisane dont le Tout-Paris applaudit les débuts comme actrice au Théâtre des Variétés dirigé par Bordenave. Les habitués du lieu (journalistes, aristocrates et étudiants) discutent de ce nouveau personnage et considèrent tous Nana comme une piètre actrice sans talent. Toutefois, ils sont fortement « émoustillés » par son rôle de Vénus où elle est apparue totalement nue sur scène…
Le roman la peint dès le chapitre suivant comme une femme manquant d’argent pour élever son fils Louiset qu’elle a eu très jeune. Elle habite un bel appartement où l’un de ses amants l’a installée, mais il apparaît rapidement qu’elle vit au-dessus de ses moyens, ayant notamment beaucoup de mal à payer ses fournisseurs. Aussi, elle doit faire des passes pour arrondir ses fins de mois…
Son appartement est aussi un lieu de rencontres où se croisent de nombreux hommes : simples visiteurs, fournisseurs, coiffeurs, amies, clients ou soupirants, mais aussi hommes de bonne renommée évoluant dans les plus hautes sphères politiques comme le comte Muffat, chambellan de Napoléon III, un homme âgé et marié, très dévot et au langage châtié.
Le succès de la pièce « Vénus » vaut à Nana de nombreux hommages. Parmi les plus marquants ceux d’un prince ou encore ceux du banquier Steiner qui lui offre une maison à la campagne.
Aussitôt, Nana part se reposer dans sa somptueuse maison à la campagne, où elle a comme voisine la Comtesse Muffat. Le premier soir Nana s’offre une aventure avec Georges, un jeune adolescent.
Mais Steiner la rejoint ainsi que le comte Muffat désormais obsédé par elle. Elle refuse pourtant de se donner au Comte.
De retour à Paris, Nana reçoit régulièrement les visites de Steiner et du comte Muffat. Pour échapper à ses créanciers, elle décide de tout abandonner et part vivre – pour une vie simple – avec le nouvel élu de son cœur, l’acteur Fontan qui très rapidement va la battre et lui couper les vivres.
Malheureuse, Nana se tourne vers Satin – une prostituée de rue avec qui elle a fait le trottoir à ses débuts – avec qui elle va entretenir une relation homosexuelle.
Du jour au lendemain Fontan la jette dehors. Désormais sans le sous c’est grâce aux agissements d’un entremetteur que Nana va récupérer le comte Muffat qui, entre temps, lui a fait quelques infidélités avec Rose Mignon, l’actrice fétiche du moment au Théâtre des Variétés.

Subjugué par elle et malgré le ridicule de sa demande, il lui obtient le rôle dont elle rêve, celui de la femme honnête dans la nouvelle pièce du Théâtre des Variétés. Bien que la représentation soit un désastre, Nana est relancée. Le comte Muffat dépose d’ailleurs toute sa fortune aux pieds de Nana, offrant toilettes, hôtel luxueux, bijoux, à une seule condition : sa fidélité.
Nana adopte alors une vie de luxe et trompe aussitôt Muffat avec le jeune Georges venu la rejoindre en cachette, puis avec Philippe le frère de ce dernier. Dans ce luxe elle s’ennuie pourtant et rappelle son amante Satin. La générosité du comte et de ses nombreux amants ne parviennent pas à satisfaire tous ses besoins. Elle demande à ses amants tellement de chose qu’elle les détruit au passage sans aucun état d’âme : Philippe est emprisonné pour vol et apprenant la liaison de son frère Philippe avec Nana, Georges se suicide chez elle.
Nana devient de plus en plus cruelle avec le comte Muffat. Elle parade dans le beau monde, couchant partout, s’amourachant de n’importe qui, se débauchant pour vaincre l’ennui, ruinant les hommes les uns après les autres.
Nana finit par tout vendre et disparaît pour voyager. De nombreux bruits courent sur son compte. On lui prête des aventures féeriques en Égypte.
Plusieurs mois après, elle revient à Paris voir son fils atteint de la variole, elle contracte elle aussi la maladie et meurt. 


 
Mon avis
Neuvième volet de la série littéraire des Rougon-Macquart, « Nana » n’est pas mon Zola préféré, pourtant j’ai lu ce livre avec intérêt, car il détaille bien la place de la femme dans la société française du XIXème siècle. Il met également bien en lumière la dépravation de son époque. Toutefois, j’ai lu ce livre plus comme un reportage que comme un roman. Cette optique de lecture m’a permis de le lire jusqu’à la fin et de dépasser mon horreur du personnage de Nana que je n’ai pas du tout aimé ! Je n’aime pas son narcissisme et son absence de honte.


Le début du livre part dans tous les sens avec une volée de personnage ce qui ne m’a pas facilité la lecture. En effet, le livre commence directement avec le début du spectacle de Vénus avec l’introduction directe et brutale d’une multitude de personnages. A cela s’ajoute la description en plein « rush » du déroulement du spectacle aussi bien sur scène, dans le public et dans les coulisses. J’imagine que l’auteur a sûrement voulu transcrire l’effervescence du monde du spectacle, mais au cours de ces premiers et longs chapitres je ne savais plus qui était qui… ! D’autant plus qu’il fallait naviguer à travers les lourdes et longues descriptions de luxe et de débauches des plus hautes sphères…


Ce n’est qu’à partir de la moitié du livre (chapitre VIII exactement !) que la narration ralentie et que l’on entre plus précisément dans le fonctionnement de certains personnages. Au fil de la lecture l’on comprend où souhaite nous emmener Zola ou du moins ceux vers quoi il veut que l’on s’interroge :


-l’existence de relations de connivence entre le monde du spectacle et le journalisme moyennant des avantages divers et variés en retour,


-la mise en lumière de l’homosexualité féminine, sujet absolument tabou à l’époque ce qui démontre le courage littéraire de l’auteur,


-l’existence de deux type de prostitution : celle « classique » et celle de luxe,


-la place de la femme.


Ce dernier point m’a passionné. En effet, à l’époque la place de la femme est assez bien délimitée. Quatre positions sociales lui sont allouées :
-la femme mariée, sans profession, apanage des classes aisées,
-la nonne, faisant souvent également office d’infirmière,
-la femme « du peuple » mariée ou non et exerçant une profession telle que couturière, vendeuse, ouvrière, lessiveuse, domestique,
-et enfin la femme déchue, autrement dit la prostituée, infréquentable par les trois susnommées.


Cependant commence a émergé un groupe social nouveau qui a engendré pour la femme une cinquième « voie ». Ce groupe a été nommé « demi-mondaine » par Alexandre Dumas fils lequel, épris de la célèbre « Dame aux Camélias », était bien placé pour observer de près l’un de ses spécimens... La « demi-mondaine », ou encore « cocotte », n’est pas une prostituée qui est un terme trop réducteur pour elle puisque ce type de femmes vit certes de ses charmes mais pas seulement, car la plupart du temps elle est aussi actrice. Elle est également libre de choisir ses amants, souvent riches et de fixer elle-même son prix (hôtel particulier, maison de campagne, bijoux, robes, tableaux…).
Cette nouvelle catégorie de femme a donc permis à des écrivains comme Zola de parler de ce demi-monde sans scrupule aux mœurs cruelles et extravagantes mais également d’introduire cette première « émancipation de la femme par le sexe » face au mâle jusqu’à maintenant dominant. Ne l’oublions pas au 19ᵉ siècle, la femme reste sous l’autorité du père, du mari, du frère, du patron…La femme devra attendre la Première Guerre mondiale pour acquérir un début de reconnaissance…



Notre débat fut enflammé entre les pro-Nana et les anti-Nana ! Heureusement que le brunch a fait l’unanimité et nous a réconcilié !





Tout d'abord le cadre du restaurant qui est à lui seul une pause hors du temps avec ses chaises en bois, sa tapisserie à fleur et ses tableaux ancien Empire. 




L'atmosphère y est très "british " avec ses fauteuils "chesterfield".



Il propose un brunch avec une partie buffet - où il y a énormément de choix - et une assiette salée en service à table. Le brunch est à 32e. Nous avons passé un super moment gustatif, voici le menu:

Au buffet:

Jus de fruits frais au choix,

Café, thé ou chocolat chaud au choix sélection "Maison Richard",

Baguettes parisiennes et viennoiseries servie avec miel, confiture et beurre,

Cake maison du Chef,

Financiers,

Chouquettes,

Gaufres liégeoises,
 
fromage blanc maison,

Muesli bio,

Fruits frais de saison



A table au choix:

Oeuf Bénédicte et champignon de saison, ou

Tartine d'avocat œuf poché et graines de lin, - ce que j'ai choisi !!!! - ou




Le welch - que mon amie a choisi - ou







Morteau légumes verts au jus, - qui a également été choisi !!! - ou




 
Salade de saumon fumé d’Écosse pommes de terre grenailles -que mon 

autre ami a choisi -






Un brunch que je recommande chaudement !!

Kiss

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Hôtel Providence Paris

90 rue Réné Boulanger

75 010 Paris

Brunch 32 e (sur réservation)
 

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