Voici une expo que je vous conseille fortement si, comme moi, vous aimez les animaux
Voici ce qui est dit dans le communiqué de presse. J'ai agrémenté le tout de mes tableaux préférés:
Depuis la Renaissance, artistes et naturalistes n’ont cessé
d’observer les animaux et de les représenter avec toute
l’exactitude possible. Néanmoins, le naturalisme s’arrête là
où commencent la norme et la morale : des critères éthiques
et esthétiques sont mis en place, qui motivent les différences de
point de vue. Ainsi, les manières de représenter une même bête
varient extraordinairement. Elles traduisent notre fascination et
notre curiosité pour un monde qui n’a pas fini de livrer sa
diversité. A travers des œuvres majeures, l’exposition explore
les rapports que les artistes, souvent les plus grands peintres et
sculpteurs, entretiennent avec les animaux. Elle montre que le lien
entre art et science, entre notre soif de connaissance de l’animal
et notre fascination pour sa beauté, continue d’être étroit.
Peintures, dessins, sculptures, photographies, célèbres ou
insolites... La manifestation réunit environ 120 chefs-d’œuvre de
l’art occidental, de la Renaissance à nos jours, avec un parti
pris radical et inédit : ne montrer que des œuvres où
l’animal est représenté seul et pour lui-même, hors de toute
présence humaine. Cette merveilleuse ménagerie, scénarisée dans
un souci de clarté et d’accessibilité à tous les publics, mêlera
le sauvage et le domestique, l’étrange et le familier.
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Théodore Géricault (1791-1824) Tête de cheval blanc |
I. L’attention à l’animal
Comme la
beauté humaine, la beauté animale doit répondre à des critères
précis, qui varient selon les époques et les milieux. C’est à la
Renaissance que se produit une révolution : des artistes
exceptionnels, comme Dürer, puis des pionniers de la zoologie se
penchent sur les animaux et les décrivent avec minutie.
C’est
aussi le moment où la découverte du Nouveau Monde révèle de
nouveaux animaux, comme les perroquets ou les dindons. Très vite se
constituent des répertoires. Dès qu’ils peuvent observer des
animaux, les peintres les consignent dans des albums. Il leur arrive
de reprendre certains motifs ayant déjà inspiré d’autres œuvres.
Ils ont également recours à l’étude de l’anatomie et
s’efforcent de décomposer les mouvements, comme le galop du
cheval. Mais l’homme ne se contente pas de représenter la beauté
animale, il agit sur elle en transformant les bêtes elles-mêmes.
Pour cela, il convoque tous les moyens de la science. De nouvelles
races de vaches, de chiens, de chats, apparaissent dans les œuvres
d’art. A l’inverse, des tableaux nous restituent des races
passées de mode.
II. Préjugés esthétiques et moraux
Nous
sommes tous marqués par Buffon et son
Histoire naturelle,
publiée peu avant la Révolution, à cause des irrésistibles
portraits d’animaux qu’elle contient. Mais Buffon fait aussi le
tri entre les animaux nobles et les animaux ignobles. Le bon et le
beau se confondent. Ces classifications arbitraires peuvent expliquer
nos phobies par exemple pour les insectes. De fait, certaines espèces
sont négligées des scientifiques et des artistes. Aujourd’hui,
l’art bouleverse ces valeurs et les artistes s’attachent à des
animaux longtemps dénigrés. C’est le cas de la chauve-souris de
César ou de l’
Araignée de Louise Bourgeois.
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Melchior d'Hondecoeter, Paons mâle et femelle |
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Jeef Koons (1991), Caniche (sculpture en bois) |
III. Le singe et l’homme
La publication de
L’origine des espèces par Charles Darwin en 1859 est un
choc pour la civilisation judéo-chrétienne. Le naturaliste y
développe sa théorie de la sélection naturelle, fondée sur la
lutte pour la vie ; il affirme le cousinage de l’homme et du
singe. Des artistes s’intéressent à ces théories. L’image du
singe, jusque-là dérisoire et convenue, s’en trouve bouleversée
et il en résulte de troublants portraits, comme l’extraordinaire
Orang-outan de Pompon.
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Alexandre Gabriel Décamps, Le singe peintre dit intérieur d'atelier (1833) |
IV. Une nouvelle sensibilité
Les récits
bibliques racontent la création des animaux et leur sauvetage sur
l’arche de Noé. Ces mythes nous parlent d’un droit de vie et de
mort que les hommes auraient sur leurs prétendus « frères
inférieurs ». Longtemps niée, la souffrance des animaux est
enfin reconnue sous l’impulsion de Montaigne ou de La Fontaine. La
question de l’âme animale est posée, puis l’empathie finit par
l’emporter avec la création d’associations protégeant le droit
des animaux (SPA en France en 1845) et d’un arsenal légal (loi
Grammont en France en 1850). Les œuvres d’art démontrent la
sensibilité des animaux et toute leur gamme d’expressions
irrésistibles.
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Jan Brueghel l'ancien, L'entrée des animaux dans l'arche de Noé |
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détail |
V. A la rencontre de l’autre : les animaux
exotiques
A la Renaissance, les animaux exotiques sont
très recherchés par les grands de ce monde. Les rois et les papes
les collectionnent dans des ménageries auxquelles certains artistes
ont un accès privilégié. Leurs œuvres sont devenues des
témoignages précieux. Le public découvrira ainsi le destin
extraordinaire du rhinocéros de Léon X ou de la girafe de Charles
X, dont la traversée de la France, de Marseille à Paris, a fait
sensation.
En 1793, la Ménagerie du Jardin des Plantes donne le
signal de l’essor des zoos, dont la popularité ne se dément pas.
La France permet ainsi aux artistes d’accéder aux animaux :
c’est l’origine de l’« art animalier », sous
l’impulsion de Barye et de Delacroix. Les artistes y trouvent des
modèles de plus en plus variés.
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Jean Jacques Bachelier, Chat guettant un papillon |
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Goya (1786) , Combat de chats |
Beaucoup de créateurs
s’interrogent aujourd’hui sur le rapport homme/animal et
s’alarment de la menace qui pèse sur la biodiversité. Après le
panda de Chine puis le bébé phoque, l’ours polaire est devenu le
symbole de cette menace. A lui seul, il alerte l’homme sur l’avenir
de la planète. Une sculpture aussi magnifique que
L’Ours blanc
de Pompon finira-t-elle par avoir avant tout une valeur de
témoignage, celui d’une espèce disparue ? La beauté animale
ne sera-t-elle bientôt plus qu’un souvenir ?
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François Pompom (1855-1933), Ours blanc (sculpture) |
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La beauté animale
Grand Palais, Galeries nationales
du 1 mars au 16 juillet 2012